Kaolack Tissus

Traversant les tendances et les époques, les pagnes tissés, teints, décorés sont les témoins d’un savoir-faire séculaire lié à l’histoire du Continent.

Passionnées et amoureuses de la richesse des tissus traditionnels, de la créativité des artisans de la mode Afurakienne1, deux femmes ont décidé de se réapproprier leur extraordinaire patrimoine textile en allant chercher les étoffes traditionnelles auprès des artisans et tisserands du Continent, de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud, permettant au passage aux familles dépositaires de ce savoir-faire de vivre décemment de leur artisanat et d’exporter ainsi leur somptueuse culture ancestrale.

Leur pari : Que les Bogolan, Shuka, pagne Manjak,  Kente, Faso Danfani, Nzabi, Baoulé, Shemma … s’affichent désormais sur les podiums, dans les garde-robes, sur les accessoires et les bijoux, magnifiés par le génie des Tailleurs, des Couturiers et Couturières, des plus grands Designers aux artisans de quartier, que vous pouvez trouver chez notre partenaire L’Annuaire des Couturiers Africains : Répertorier son entreprise dans l’Annuaire

1 : Afuraka : origine endogène du terme Africa.

Un peu d’histoire…

Dans les tombeaux dogons, creusés dans les falaises de Bandiagara, les archéologues découvrirent les plus anciens fragments de tissus africains, datés entre le XIe et le XVIIIe siècle, unis ou teints en indigo ou composés de bandes cousues formant un damier blanc et indigo foncé, correspondant au même tissu que celui utilisé encore aujourd’hui comme couverture-linceul pour envelopper les morts. C’est une culture textile africaine authentique, se manifestant bien avant l’arrivée des étrangers. 

Il s’avère difficile de déterminer avec précision les origines de la production de vêtements en Afrique. L’histoire et les découvertes archéologiques nous renvoient à l’Égypte ancienne. Des traces de vêtements et de parures déjà bien élaborés nous font remonter à 2 000 ans avant Jésus-Christ, au moins, et à Méroé, dans le nord du Soudan avec des coupons d’étoffe de coton datant du Ve siècle.

La déesse Neith est pour le tissage ce que le dieu Thot est pour l’écriture dans l’Égypte antique. Á travers l’art égyptien, nous avons toute une représentation de ce qu’était la mode dans les temps les plus anciens en Afrique. Car en effet, aux peaux de bêtes avaient bel et bien succédé des tissus en coton. Sous la 12e dynastie, soit 2 000 ans avant Jésus-Christ, ce qui correspond au Moyen Empire égyptien, le schenti et le pech avaient déjà droit de cité.

Source et pour en savoir plus : Courrier des Afriques : http://www.courrierdesafriques.net/2015/06/afrique-vetements-et-parures-de-lantiquite-a-nos-jours

Encore un peu d’histoire…

La Charte du Manden

La Charte du Manden, datant du XIII° siècle, est la première déclaration des droits humains connue au monde. Conçue (sans influence étrangère) lors de l’achèvement de la construction de l’empire du Mali par Soundiata Keita. Cette charte s’adresse aux « douze parties du monde ». Elle a donc une vocation universelle selon ses auteurs. Elle comporte sept paroles, qui sont autant d’entêtes d’articles de la charte.

Connue aussi sous les noms de Donsolu Kalikan (Serment des Chasseurs), Dunya Makilikan (Injonction au Monde), ou plus couramment Manden Kalikan (le Serment du Mandé).

 Texte réécrit par Youssouf Tata Cissé dans “Soundjata, la Gloire du Mali”, éd. Karthala, ARSAN, 1991

  1. Les chasseurs déclarent :

Toute vie (humaine) est une vie. Il est vrai qu’une vie apparaît à l’existence avant une autre vie, mais une vie n’est pas plus “ancienne”, plus respectable qu’une autre vie, de même qu’une vie n’est pas supérieure à une autre vie.

  1. Les chasseurs déclarent :

Toute vie étant une vie, tout tort causé à une vie exige réparation. Par conséquent, que nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin, que nul ne cause du tort à son prochain, que nul ne martyrise son semblable.

  1. Les chasseurs déclarent :

Que chacun veille sur son prochain, que chacun vénère ses géniteurs, que chacun éduque comme il se doit ses enfants, que chacun “entretienne« , pourvoit aux besoins des membres de sa famille.

  1. Les chasseurs déclarent :

Que chacun veille sur le pays de ses pères. Par pays ou patrie, Faso, il faut entendre aussi et surtout les Hommes ; Car “tout pays, toute terre qui verrait les Hommes disparaître de sa surface deviendrait aussitôt nostalgique.”

  1. Les chasseurs déclarent :

La faim n’est pas une bonne chose, la sujétion n’est pas non plus une bonne chose ; Il n’y a pas pire calamité que ces choses-là, dans ce bas monde. Tant que nous détiendrons le carquois et l’arc, la faim ne tuera plus personne au Manden. Si d’aventure la famine venait à sévir, la guerre ne détruira plus jamais de village pour y prélever des captifs. C’est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable pour aller le vendre. Personne ne sera non plus battu, à fortiori mis à mort, parce qu’il est fils de captif.

  1. Les chasseurs déclarent :

L’essence de la sujétion est éteinte ce jour, “d’un mur à l’autre”, d’une frontière à l’autre du Manden. La razzia est bannie à compter de ce jour au Manden. Les tourments nés de ces horreurs sont finis à partir de ce jour au Manden. Quelle épreuve que le tourment ! Surtout lorsque l’opprimé ne dispose d’aucun recours. Le captif ne jouit d’aucune considération, nulle part dans le monde.

  1. Les gens d’autrefois nous disent :

“L’homme en tant qu’individu fait d’os et de chair, de moelle et de nerfs, de peau recouverte de poils et de cheveux, se nourrit d’aliments et de boissons, mais son “âme”, son esprit vit de trois choses : voir qui il a envie de voir, dire ce qu’il a envie de dire et faire ce qu’il a envie de faire. Si une seule de ces choses venait à manquer à l’âme humaine, elle en souffrirait et s’étiolerait sûrement.” En conséquence, les chasseurs déclarent : chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, chacun dispose désormais des fruits de son travail.

 

Tel est le serment du Manden  à l’adresse des oreilles du monde tout entier.